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Quelles alternatives aux néonicotinoïdes pour les betteraves ?

Sans néonicotinoïde, la protection chimique des betteraves contre les pucerons repose sur deux produits : Teppeki (flonicamide) et Movento (spirotétramate).

Quels sont les leviers d’action travaillés pour lutter contre les pucerons vecteurs de la jaunisse sans néonicotinoïde ? Faisons le point avec l’Institut technique de la betterave (ITB).

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En betterave, y a-t-il des solutions efficaces alternatives aux néonicotinoïdes ? « Ni oui, ni non, répond Fabienne Maupas, directrice du département technique et scientifique de l’Institut technique de la betterave (ITB). Oui il y en a qui fonctionnent, avec des efficacités partielles. Mais parfois, la dynamique est telle que même des solutions qui fonctionnent à 80 % ne suffisent pas. » En 2025, les leviers disponibles n’ont pas toujours été suffisants, et des impacts forts sont observés par endroits.

Deux aphicides

Les aphicides actuellement autorisés ont « une efficacité de 70 %, 80 % au maximum, et une durée d’efficacité qui chute assez vite », indique-t-elle. Les traitements doivent être renouvelés tous les 10-15 jours pendant la période de deux mois où la culture est sensible. « Il faut donc quatre applications possible, plaide-t-elle. Aujourd’hui, le seul produit autorisé est le Teppeki (flonicamide), pour une seule application. Si on ne demandait pas de dérogation chaque année depuis 2019 pour le Movento (spirotétramate), l’agriculteur ne pourrait protéger la culture que pendant deux semaines ».

La protection actuelle repose en effet sur ces deux produits uniquement. « Tant que les alternatives ne sont pas pleinement opérationnelles et maîtrisées par les producteurs, un accès à deux produits phytopharmaceutiques semble incontournable afin de pouvoir réaliser des alternances de traitement », écrit l’Inrae dans son récent rapport sur la thématique. L’institut de recherche appuie en effet sur la nécessité de lutter contre l’apparition de résistance au sein des populations de ravageurs.

Variétés résistantes à venir

En ce qui concerne les alternatives non chimiques, l’ITB évalue plusieurs pistes dans le cadre du plan national de recherche et d’innovation (PNRI, lire encadré ci-dessous) : huile essentielles, microorganismes, médiateurs chimiques, chrysopes, ou encore plantes compagnes. « Aujourd’hui, ces solutions alternatives aux aphicides montrent une efficacité de 30 à 50 % », chiffre Fabienne Maupas. Dans son rapport, l’Inrae juge également qu'« aucune de ces solutions alternatives n’a l’efficacité des néonicotinoïdes, ou même des produits de synthèse actuels. » Elles sont préconisées en complément des insecticides uniquement : « aujourd’hui, on ne saurait pas s’en passer, c’est beaucoup trop risqué », appuie Fabienne Maupas. Les alternatives non chimiques sont par ailleurs coûteuses (environ 70 €/ha pour l’usage du biocontrôle Insior d’Agriodor par exemple), et ne sont pas jugées économiquement viables.

Mais « il faut garder espoir », estime l’experte. « Tous les ans, des start-up nous proposent de nouvelles solutions de biocontrôle. On en a testé cette année qui ne fonctionnent pas si mal, à base d’huiles essentielles », note-t-elle. Quant aux variétés résistantes, Fabienne Maupas est optimiste : « tous les sélectionneurs ont identifié des phénotypes résistants », indique-t-elle. Certaines betteraves hybrides inoculées par les virus ne présentent pas de symptômes. En revanche, elle estime qu’il faut encore patienter au moins cinq ans pour que ce matériel génétique soit rendu disponible aux agriculteurs.

Détruire les résidus de récolte

Depuis 2 ans, l’ITB appuie sur l’importance de la gestion prophylactique, et en particulier sur la gestion des cordons de déterrage malgré les contraintes techniques qui peuvent y être liées. L’objectif : réduire au maximum les réservoirs de virus entre deux saisons. « Les pucerons qui arrivent sur les betteraves viennent très majoritairement des crucifères », souligne aussi Fabienne Maupas. Elle salue le démarrage, l’année prochaine, de travaux inter-filière sur cette question.

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